Lorsque revient de l’établissement spécialisé une information sur un incident qui se serait passé concernant votre enfant, nous les parents, nous nous sentons tout de suite fautifs.
Griffures, morsures, colères violentes…, lorsque nous apprenons cela, c’est un peu comme si nous étions coupables. Combien de parents se sont entendus dire : « avec votre enfant, on a du mal ». Alors là, on culpabilise et on devient un peu penaud. On pense à la place que l’on a obtenue difficilement, après des mois d’attente, et que l’on imagine fragilisée par le comportement de son enfant ou adulte.
Et si notre enfant n’était pas handicapé, serait-il dans cet établissement spécialisé ?
Comme racontait un parent : « il manque encore tellement de places d’accueil que j’ai l’impression qu’une sélection s’opère pour les nouvelles admissions. Les nouveaux résidents me semblent de plus en plus performants. Et ceux, plus handicapés, surtout avec des troubles du comportement associés auront de plus en plus de difficultés à s’intégrer dans une structure. »
Qu’il soit exagéré ou non, cet avis montre combien, par notre sentiment de culpabilité, nous sommes vulnérables. Nous avons aussi, par cette difficulté à trouver une place d’accueil, cette impression d’être toujours redevable. Mais pour les autres enfants, ceux qui sont « normaux », les parents ont-ils ce sentiment d’être constamment redevables ?
Il faudrait presque toujours avoir cette capacité à remercier pour tout ce que l’on fait pour nous. Alors qu’il s’agit de la prise en charge de son enfant ou adulte et non celle des parents.
Il est important pour les parents de s’exprimer sur le comportement de leur jeune sans crainte, ni gêne. Les parents doivent se persuader que le savoir qu’ils ont acquis en s’occupant , d’années en années, de leur jeune est important et non négligeable. Il ne vient pas en complément de celui des professionnels mais, par son approche, est très souvent à égalité avec le leur.
Lorsque nous aurons conscience de cela, ce sentiment de culpabilité qui est en nous s’estompera et nous pourrons nous exprimer sans cette crainte tenace de déplaire. Il est certain s’il y avait assez de places d’accueil, les parents se « sentiraient mieux ».
Forte évidence, voire naïve, diront certains. Parfois, il est utile de la rappeler tant l’Etat a été défaillant dans la prise en charge des enfants et adultes les plus défavorisés, mettant les parents en situation permanente de demande, et donc de faiblesse.
Bernard PEYROLES